II. Les années 30-40

III. Les années 50-60

IV. Les années 70-80

La femme à travers l’histoire du cinéma soviétique

ou

Les aventures de Cendrillon au pays des Soviets

 

I. Les années 20 : La nouvelle Eve.

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Arrivée avec la révolution, l’idée de réorganisation de l’univers, de construction du nouveau monde a entraîné après elle l’idée de création de l’homme nouveau. Soudain cette idée s’est avérée cinématographique. Les adeptes du cinéma de montage ont été les premiers à la soutenir. Les célèbres expériences de Koulechov qu’il mena en 1920 furent intitulées On crée la surface terrestre (Khokhlova et Obolensky passant du boulevard Gogol à Moscou aux marches du Capitole à Wachington), et aussi On crée l’homme :

“ En filmant en gros plan le dos d’une femme, les yeux d’une autre, la bouche d’une autre encore, les jambes d’une troisième, etc., on a réussi à monter de façon vraisemblable une femme n’existant pas (la femme était assise devant un miroir et se maquillait) ”1

En 1923 DZIGA VERTOV exprime des points de vue analogues :

 

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LEV Koulechov

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ALEXANDRA Khokhlova

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DZIGA VERTOV

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Je suis Kinoglas (cinéoeil), je crée l'homme plus parfait que ne l'était la créature d,Adam, je crée des milliers de personnes différentes selon des plans et des schémas préalables variés. Je suis Kinoglas. Chez l’un je prends les mains, les plus puissantes et les plus adroites, chez l’autre je prends les jambes, les mieux faites et les plus véloces, chez un troisième, sa tête, la plus belle et la plus expressive, et par la magie du montage je crée un nouveau et parfait être humain ”2

A la difference de Vertov, rêvant de créer un nouvel Adam, les FEKS3  G. Kozyntsev et L. Trauberg, dans leur scénario La femme d'Edison4, qui n'a jamais été réalise, et dans leur premier film Les aventures d'Oktiabrina, représentant une modification ultériure de ce scénario, rêvaient de créeer une nouvelle Eve5. Dans son article sur La Femme d'Edison, N. Noussinova a montré que l'idée de la femme électrique, étant une menace pour les meurs traditionnelles, est identifiée chez les FEKS à une autodescription de cinéma (apparition du cameraman sur l'écran, citations tirée des premiers films americains). La naissance de cette femme électrique, conçue sans participation d'une mère, par l'un des précurseurs du cinématographe, Thomas Edison (avec son kinétoskope), qui "couva" sa fille dans une cornu comme une poule couve son oeuf, a prédéterminé la desérotisation de l'Eve des FEKS6. Cette créature a donné son énergie non pas à Adam mais à une centrale électrique, qui à son tour a aporté la lumière à la ville de Pétrograde et, du coup, lui a accordé la possibilté d'être une ville soviétique (selon Lenin, le communisme, c'est le pouvoir soviétique plus l'électrification).

Le choix du prénom de l’héroïne par les FEKS n’est pas un hasard. “ Un petit bourgeois trouve devant sa porte un enfant emmailloté. Le pope déclare que l’enfant est un don de Dieu, un signe de la victoire de l’ancien monde. On donne asile à l’enfant qu’on appelle Pérépétouya (prénom russe très archaïque et ridicule). Pendant la cérémonie du baptême, l’enfant grandit d’un coup, — il s’avère que c’est la femme créée par Edison — casse la gueule à tout le monde et déclare qu’il-elle ne s’appelle désormais plus Pérépétouya mais Octiabrina (en l’honneur de la révolution d’octobre) ”.7 Ainsi le changement du prénom Pérépétouya mais Octiabrina devient le symbole de la confirmation de la femme dans son rôle de réformatrice de l’ancien monde, prédestinée à la création d’une ère nouvelle.De là vient le thème de la maternité isolée, de l’avortement et du nouveau statut de la femme au sein de la famille, si important pour la mentalité des années vingt. V. Khodassévitch nous en donne une description remarquable dans ses mémoires :

“ Dans ces années-là on parlait et on réfléchissait beaucoup sur l’égalité des droits et de l’émancipation morale et physique de la femme .A.M. Kollontaï (célèbre féministe du début de l’ère soviétique) écrivit un rapport sur les nuisances de la jalousie, voulant que le Soviet des Commissaires du peuple ratifie par un décret la suppression de la jalousie. Beaucoup de jeune filles rêvaient d’être fécondées par un homme génial pour, après avoir donné naissance à l’enfant, se séparer du géniteur et devenir mère solitaire, convaincues qu’elles étaient que l’éducation du futur génie est exclusivement l’affaire de la mère ”. 8

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